Jeune et pleine d'espoir. Gardez ça en mémoire. |
Pour commencer la promenade sur le Mont Fuji, il y a plusieurs possibilités. Généralement, les gens débutent à partir de la 5e station et marchent jusqu'au sommet. Il y a de nombreuses escales sur la route : de petites cabanes avec toilettes et la possibilité de dormir ou se reposer... moyennant une somme d'argent qui augmente plus on se rapproche du sommet. A la 8e station (sur 10), c'était déjà plus de 7000Y, soit environ 50€. Autant dire que peu importe l'état dans lequel je me trouvais à ce moment, c'était hors de question. Notamment parce que je n'avais plus que 1000Y dans mon porte-feuille.
La tradition est de grimper aussi haut que possible, dormir pour laisser le temps au corps de s'acclimater à l'altitude, puis atteindre le sommet pour admirer le lever de soleil. Il y a aussi la possibilité de faire l'ascension d'une traite durant la nuit afin d'arriver au top autour de 4h30 et là aussi admirer le soleil. Ayant parlé avec quelqu'un ayant choisi la deuxième option, je me suis dit pourquoi pas, et c'était donc mon plan.
Je savais qu'il devait pleuvoir un peu, mais je n'étais pas trop inquiète car j'avais suffisamment d'épaisseur et quelque chose contre la pluie. Dans mon esprit, j'étais parée à toutes éventualités.
Naïve que j'étais...
Une fois les formalités terminées et la 5e station visitée de fond en comble, me voilà partie. Il fait nuit noire, et à ce moment je suis seule. Je croise tellement de gens allant dans l'autre sens que je commence à me demander si je ne me suis pas trompée de chemin. Surtout que je suis en descente légère. C'est la pleine lune, du coup la luminosité est bonne.
Après une bonne demi heure de marche, la montée commence, tranquillement. Le chemin est large, la visibilité est excellente, je commence à me dire que cette randonnée sera du gâteau ! Du moins, c'est ce que je pense pendant les cinq premières minutes, avant que mon corps ne me rappelle que le sport et moi ça fait deux.
J'arrive à la 6e station !
23h30. J'ai passé la 7e, mais je ne sais pas trop quand. J'ai également croisé un joli torii. Je suis de nouveau en pause avec ma liseuse, et il a malheureusement commencé à pleuvoir ! Je suis également devenue pote avec un groupe originaire d'Amérique du Sud, dont certains membres parlaient français. On s'est donné rendez-vous au sommet !
At first I was affraid, I was petrified... I will surviiiiiive ! |
Can you feel the pain ? |
Finalement, un groupe de philippins me prend en pitié et me laisse me glisser dans un coin à l'abri du vent. Les guides / secouristes nous conseillent de redescendre. Vu que je venais d'entendre quelqu'un dire qu'il avait essayait et que c'était impossible car trop dangereux à cause du vent, je flippe un peu. Mais il était hors de question de rester immobile pour une durée indéfinie, sans même être sûre de pouvoir atteindre le sommet. Me voilà donc partie accompagnée de mes philippins qui restent à proximité lorsqu'ils apprennent que je suis seule. Et c'est une bonne chose : quelques mètres après avoir commencé la descente, une forte bourrasque de vent m'emporte vers la pente. L'un des garçons m'agrippe immédiatement. J'ignore si j'aurais pu m'arrêter avant la descente.
N'ayant pas vraiment le choix, je continue. Le fait de bouger de nouveau me permet de me réchauffer un minimum, et on descend lentement mais sûrement. Ce chemin n'est pas pensé pour les descentes, et la pluie a rendu les pierres légèrement glissante, mais je parviens à garder mon équilibre. Nous sommes nombreux à redescendre, et par moment tout le monde se met à crier "gambatte" (courage). L'ambiance est chaleureuse, ce qui fait du bien vu à quel point tout le monde est frigorifié ! La pluie est tellement fine qu'elle se glisse absolument partout : les poches de mon imperméable, fermées par une fermeture éclair, sont complètement remplies d'eau.
Petit à petit, on descend. Après ce qui me semble être des heures, je me rends compte qu'on vient seulement d'arriver à la 8e station. A ce moment là, je ne suis pas sûre d'être capable de rentrer par moi-même. Je ne suis pas vraiment fatiguée, juste frigorifiée.
Je précise : cette photo a été prise avant mon départ. |
Je m'offre un petit déjeuner japonais en attendant le bus. La soupe miso fait un bien fou ! A 9h, il pleut des cordes alors que ça c'était un peu calmé. C'est évidemment l'heure où je dois attendre mon bus dehors. Mais le chauffeur est préparé : tous les sièges sont enveloppés de plastique !
J'arrive à Shibuya vers 12h30, et rejoins enfin la maison à 14h. Laissez-moi vous dire que la douche chaude me transporte au paradis !
Mais comme je l'expliquais en début d'article, je ne regrette rien. Même si je n'ai pas réussi à atteindre le sommet, j'ai accompli quelque chose dont je ne me croyais pas capable. Et après tout, je n'ai certes par atteint le top, mais j'ai tout de même grimpé sur le Mont Fuji ! Sur un volcan ! A plus de 3000m ! Dans la pluie, le vent et le froid ! De nuit !
Quelques conseils si vous voulez tenter l'aventure !
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Faites en sorte que l'intégralité de vos affaires soit imperméable et prévoyez des précautions supplémentaires juste au cas où.
Dans votre sac, mettez tout dans des sacs plastiques. Mettez vos sacs plastiques dans des sacs plastiques.
Il est indispensable de partir avec une lampe frontale, aussi puissante que possible, même si vous faites l'ascension de jour. N'oubliez pas que la nuit tombe très tôt au Japon, et qu'on se retrouve vite au milieu du brouillard et des nuages.
Pensez à des poches chauffantes. Je n'en avais pas et ça m'a bien manqué !
Il vous faudra des pièces : c'est 200Y chaque fois que vous souhaitez aller aux toilettes, et il n'est pas possible d'avoir la monnaie.
Prenez des gants. Moins pour le froid que pour protéger vos mains lorsque vous grimpez.
Si vous voulez voir le levé de soleil, l'ascension de nuit en continu vous évite de dépenser une fortune pour un bout de tatami dans une cabane. Mais faites des pauses régulières pour laisser à votre corps le temps de s'adapter : il y a de moins en moins d'oxygène.
Prenez votre temps. Discutez avec les gens autour de vous. Profitez. Il y aura sans doute des moments difficiles, mais ça en vaut carrément le coup !
Aller. Un petit avant après ?
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